On parle d’Huwise, de typographies wokistes, de développement personnel, de dépendance émotionnelle à Chat GPT et du terme de l’année qui n’est pas « ballerina cappuccina ».
Bonjour à tous.tes !
Alors que les derniers jours de 2025 se dessinent, les rapports de tendances et les prédictions pour 2026 voient déjà le jour. Chez Namibie, nous n'avons pas dérogé à la règle. Sophie Gay vient de partager son analyse des tendances graphiques et typographiques pour l'année à venir dans les colonnes de La Réclame. Au cœur de son décryptage, une conviction forte : le nom redevient le héros de l'identité visuelle.
Comme le résume Sophie, « en 2026, la marque ne se montre plus, elle se lit ».
Nous sommes ravis de dévoiler notre projet de renaming pour Opendatasoft, data marketplace spécialisée dans la valorisation des données.
Le constat de départ était sans appel : dans un secteur où la donnée est devenue trop difficile d'accès et sous-estimée, le nom technique Opendatasoft ne reflétait plus l'ambition de la marque de révéler le plein potentiel de la donnée au profit des utilisateurs métiers.
Le nom Huwise réconcilie deux univers souvent opposés, celui rationnel de la donnée et celui plus sensible de la sagesse partagée. Ce néologisme entre « human » et « wise » exprime une promesse claire : rendre les données intelligibles et accessibles pour comprendre, collaborer et progresser.
Un nouveau nom qui positionne désormais la donnée comme une véritable source de savoir augmenté.
Venez découvrir le cas Huwise sur notre site internet.
Leila Register / NBC News; Getty Images
Oxford University Press vient d’élire rage bait comme mot de l’année. Un terme révélateur d’un Web qui ne cherche plus seulement à capter notre attention, mais à provoquer nos nerfs.
Le rage bait désigne ces contenus conçus pour nous faire arrêter de scroller en nous mettant en colère. Phrases outrancières, opinions choquantes, provocations calculées… La recette est redoutable. Plus l’indignation monte, plus l’engagement grimpe, nourrissant commentaires, partages et revenus publicitaires. Un cercle vicieux où la colère devient monnaie d’échange.
Si le format explose avec la vidéo en ligne, la logique est ancienne, héritée de la culture troll des forums où l’énervement faisait déjà office de carburant. Pour Oxford, la popularité du terme signale une prise de conscience collective face aux tactiques de manipulation émotionnelle des plateformes. Internet ne titille plus seulement notre curiosité, il détourne nos affects et façonne nos réactions.
En France, certains acteurs publics comme Louis Sarkozy en ont parfaitement saisi les codes. Une déclaration absurde, pensée pour choquer plus que pour débattre, suffit à élargir la fenêtre d’Overton — c'est-à-dire l'éventail des idées jugées acceptables dans le débat public — et à s’offrir une visibilité médiatique. Le rage bait n’est pas un accident, c’est une stratégie délibérée.
Ce mot fait écho aux autres termes qui ont marqué l’année. Selon Le Robert, masculinisme arrive en tête des recherches, symptôme d’une inquiétude sociale nourrie par des discours antiféministes très actifs en ligne. Des discours qui prospèrent précisément grâce aux mécaniques de la colère et de la viralité. Dans un registre plus léger, Google voit émerger des questions comme « ça veut dire quoi bombardino crocodilo », preuve que l’absurde généré par l’IA devient lui aussi un langage commun.
Face au rage bait, deux autres mots étaient en lice chez Oxford. Aura farming, l’art de cultiver une image mystérieuse et charismatique, et biohack, l’optimisation méthodique du corps et de l’esprit.
Après brain rot en 2024, le cycle se confirme : outrage, amplification et épuisement. Les mots changent, mais ils racontent toujours la même histoire, celle de notre rapport fragile à un monde numérique qui joue avec nos émotions.
À l’heure où le bien-être est devenu une obsession collective, Internet s’est mué en grand temple des coaches et des conseils de vie. Avec La Pythie vous parle, Liv Strömquist s’attaque à cette frénésie avec humour et lucidité, égrenant sept faux conseils qui révèlent surtout les impasses du développement personnel contemporain.
Au fil des pages, l'autrice décrypte une idéologie individualiste au service de l’économie néolibérale, obsédée par la réussite de soi et fuyant toute confrontation avec la finitude. Tout doit être maîtrisé. L’amour, l’amitié, le corps, l’alimentation... Comme si l’imprévisible n’avait plus droit de cité.
Face à cette illusion de contrôle, Liv Strömquist convoque la figure de la Pythie, cette prêtresse de la Grèce antique qui délivrait les oracles du temple de Delphes. Parmi les oracles des temps modernes, on croise Carroll Righter, astrologue de Ronald Reagan, répétant inlassablement dans ses horoscopes qu’il faut « être beau et s’amuser ». Une injonction aussi absurde que celles qui saturent aujourd’hui nos routines de soin et nos récits d’épanouissement.
L’autrice met au jour des discours qui promettent le bonheur tout en instaurant une autosurveillance permanente de soi. Difficile alors de ne pas penser au quantified self et au self-tracking, où chaque donnée du corps et de l’esprit devient un indicateur à optimiser. Toujours faire mieux, mieux se réparer, mieux se déconstruire, mieux prendre soin de soi, jusqu’à l’épuisement. Un chiffre cristallise cette tension : 76 % des Français estiment devoir faire plus pour prendre soin de leur physique (Ipsos Global Trends, 2025).
Un cadeau idéal à glisser sous le sapin pour celles et ceux qui n’en peuvent plus qu’on leur dise comment vivre.
Emily Wright/The Washington Post
On pensait ChatGPT outil, il est parfois devenu confident.
En analysant 47 000 conversations partagées, le Washington Post révèle à quel point le chatbot occupe une place intime dans nos vies, bien au-delà de la productivité promise. Plus d’une discussion sur dix bascule vers l’émotion, le doute existentiel ou la relation affective. Certains utilisateurs lui parlent comme à un partenaire. L’IA répond, souvent en miroir, acquiesçant, rassurant, s’adaptant, au risque de créer un écho émotionnel troublant.
Cette mécanique n'est pas sans rappeler Her, le film de Spike Jonze où un homme tombe amoureux de Samantha, une voix d'intelligence artificielle conçue pour comprendre et répondre parfaitement à ses besoins. Comme dans le film, la frontière entre assistance et attachement s'y brouille dangereusement. OpenAI estime que 0,15 % de ses utilisateurs chaque semaine, soit plus d'un million de personnes, montrent des signes de dépendance émotionnelle.
Dix ans après la sortie de Her, la fiction a rattrapé la réalité. La question n'est plus ce que la machine peut faire, mais ce que nous projetons sur elle.
Dans la rubrique des batailles inattendues, l’Amérique s’est lancée dans une guerre de typographies.
Selon le New York Times, le secrétaire d’État Marco Rubio a ordonné le retour au Times New Roman dans tous les documents diplomatiques, reléguant le Calibri au rang d’erreur passagère. Un choix qui efface la décision prise en 2023, lorsque l’administration précédente avait adopté cette police sans empattement pour des raisons d’accessibilité. Car Calibri, plus ronde et aérée, est réputée pour être plus lisible sur écran, notamment pour les personnes dyslexiques ou malvoyantes.
À l’inverse, Times New Roman incarne une autre promesse, celle de la tradition, de l’autorité et du sérieux institutionnel. Dans une note interne évoquant un « retour au décorum », Marco Rubio associe explicitement Calibri aux politiques d’inclusion désormais démantelées par la nouvelle administration. La forme devient alors un message, et la typographie un marqueur idéologique.
Ce qui se joue ici dépasse largement une affaire de lisibilité. C’est une vision de l’État qui s’exprime jusque dans le dessin des lettres. Les empattements du Times rappellent les tribunaux, les journaux, la permanence de l’écrit. Les courbes de Calibri évoquent, elles, le numérique, l’adaptation, l’attention portée aux usages contemporains. Aux États-Unis, même les polices prennent parti. Preuve que rien n’est jamais neutre, pas même la manière d’écrire.
On n’ose pas imaginer ce que pense Donald Trump de la Comic Sans MS, beaucoup plus woke que la plus woke de toutes les typos.